Pourquoi lancer les dés c'est cool

Par Xenopat, Sympathique serviteur de l'entropie


MILLE RAISONS D’AIMER VOS DéS

J’étais tranquillement en peignoir devant Cabalflix avec ma Bloodweiser et mes popKhorne, quand je reçois une notification de mon esclave magico-mécanique à écran plat : mon double maléfique, le perfide et poilu Gwai de Los, avait encore sévi. Le fourbe Vaudois avait commencé à répandre des rumeurs dignes d’un elfe sans forêt que les lancers de dés seraient une erreur ! Que ce ne serait même pas drôle, ou fun, ou beau, que le lancer de dés ne représenterait pas la plus belle allégorie possible de la vie dans toute sa splendeur !?
En fanatique inspiré de RNGesus, je me devais de répondre. Non seulement il me fallait me dresser à nouveau contre ma némésis ludique mais il était important de frapper fort, de renvoyer ce serviteur corrompu de Nagash dans le tombeau de ses certitudes pour laisser éclater devant les yeux ébahis d’un lectorat convaincu la gloire rayonnante de la seule vérité qui ait un sens : la mienne.
Cet article socioludique pointu va donc présenter des faits parfaitement subjectifs mais hautement pertinents qu’il existe 1000 raisons majeures pour se laisser torturer par les dés et oser en redemander encore sans modération. Mille raisons de se laisser malmener par l’imprévisible. Mille raisons primordiales d’abandonner l’ordre fade et ennuyeux pour embrasser avec allégresse le désordre, le chaos, l’incontrôlable, en un mot : le fun.


Raison no1 : La puissance narrative

La première raison à mettre en avant est aussi probablement la plus évidente. Le dé possède de manière intrinsèque une puissance narrative phénoménale. Ce petit accessoire couvert de symboles ésotériques incompréhensibles est probablement ce qu’il se fait de mieux pour se raconter des histoires. Lorsque le joueur du sous-monde regarde avec angoisse son dé décider de son destin, il perçoit surtout toute l’ampleur de l’enjeu du moment. Le dé est sur le point de vous raconter comment Garrek a tenté de couper la tête de Zarbag ou lamentablement échoué en essayant. Forcément, vous voulez connaître la suite alors vous restez attentifs à ce que votre dé vous raconte.
Prenons deux joueurs d’échecs. Vous vous apprêtez à avancer un pion (que vous avez appelé Targor parce que vous rêvez d’un vrai jeu). Mais juste après cette action épique, votre adversaire brise votre espoir de conquête par un mouvement imprévu de son cavalier et mange le pauvre Targor. Triste histoire mais qui ne changera la vie d’aucun des deux protagonistes, tout cela ne se réduisant qu’à la description technique d’une case, d’un chiffre et d’une analyse froide. Vous allez même oublier le nom de Targor.
Mais si nous imaginons maintenant que Targor est le nouveau membre d’une bande de potes énervés et qu’il se fait harceler depuis deux tours par un elfe prétentieux à l’haleine de cheval. Imaginons que vous avez sauvé Targor déjà deux fois par un critique défensif bien placé. Je peux vous assurer que lorsque vous serez sur le point de lancer le dé noir fatidique pour la 3e fois, vous serez debout sur la table, torse nu, en train d’invoquer Khorne en hurlant tout en gravant avec vos ongles le nom de Targor dans votre poitrail velu pour l’encourager. Parce que votre dé, par son choix de résultat, vous a déjà fait vivre une aventure épique inoubliable qui rendra Targor éternel, qu’il survive ou non à l’action. La différence se mesurant surtout par le nombre de personnes qui entendront parler de cette histoire ensuite.
Ce phénomène est bien connu des joueurs de jeux de rôle sur table, qui arrivent à partager des aventures infinies par la simple narration. Mais cette narration est très souvent pimentée par leurs jets de dés les plus improbables, les plus fous. Et si vous connaissez certains spécimens de cette espèce vous avez sans doute entendu mille fois l’histoire du dé qui a permis de casser une hache à 2 mains en parant avec une dague ou d’égorger un paladin en plaques par une attaque précise à la carotide avec une griffe de chat. Je vous les raconterai.
Certes l’absurde est souvent au rendez-vous mais qui a dit, à part Gwai, qu’une histoire devait être réaliste pour être bonne ? Ce qui importe ici c’est la force narrative du dé qui vous porte au-delà de votre imagination, sans limites, juste pour le plaisir d’inventer une bonne histoire à raconter.


Raison no2 : La puissance mystique

Oui, c’est vrai, j’utilise un crâne pour lancer mes dés. D’abord parce que ça fait peur aux joueurs parisiens. Mais surtout parce que ça me permet de connecter mon âme à mon action ludique. Eh ouais, rien que ça. C’est pour ça que Gwai n’y arrive pas, il n’a pas d’âme.
Quels dieux allez-vous prier avant votre jet de dés ? Quels rituels allez-vous effectuer avant de les prendre dans votre main ? Allez-vous les toucher ? Les embrasser ? Leur parler ? Ou utiliser un accessoire pour les préserver de la corruption de ce monde qui perturberait leur résultat ?
Pour moi par exemple, il est évident que si mes dés ne possèdent pas une couleur qui corresponde à ma bande (donc rouge, ou vert pour mes orks), et que j’oublie de nommer la figurine en action, il est gravé dans les écritures sacrées de ma propre saga que je ne connaîtrai que l’échec, voire une humiliation méritée.
Les dés nous permettent donc de renouer avec l’invisible, les oracles, les présages, les prémonitions. Mais aussi avec les rites, les croyances, les manies et les angoisses, pour essayer enfin de les maîtriser un peu mieux. Les dés ont besoin de savoir comment nous gérons nos peurs et surtout si nous sommes assez stupides pour croire que la magie n’existe pas.
Je vénère Khorne donc j’exècre les magiciens. Mais même pour moi il est important de ramener un peu de magie et de rêve dans le monde brutal de la compétition ultime. Alors je respecte mes dés tout en me tenant prêt à souiller ceux de mon adversaire, puisque ne l’oubliez pas, seule ma vérité compte vraiment.


Raison no3 : la puissance égalitaire

Même si j’adore écraser mes ennemis, les voir mourir devant moi et entendre les lamentations de leurs femmes, je trouve également très important que chacun s’amuse. Il s’agit alors parfois de se faire éclater et de revendiquer son droit fondamental à la complainte éplorée pour vivre avec son ennemi du jour un véritable moment de communion partagée, comme un frère d’armes qui aurait traversé les mêmes épreuves, ce qui vous rapprochera pour toujours.
Cela serait totalement impossible sans l’intervention des dés.
A chaque fois que je me retrouve devant Veniel ou Gwai, je vois dans leurs yeux le mépris amusé de : « comment t’as pris cher, gros » qu’ils essaient à peine de dissimuler en se retenant de rire aux éclats. A chaque fois.
Sans les dés, ma réponse habituelle que « la prochaine fois tu vas tellement souffrir que même la souffrance elle aura mal » ne provoquerait que d’autres rires et un dédain plus appuyé encore de la part de ces nécromants mangeurs de graines.
Mais grâce aux dés c’est différent. Il arrive parfois, lorsque les astres s’alignent aux planètes, qu’il fait beau et que je porte mon slip clouté bleu, que je leur mette une rouste si violente que même leur mère, elle a jamais pris une fessée pareille.
Quelle joie ineffable et infinie alors que de hurler au monde la gloire de ma victoire et de connaître enfin l’ivresse des champions et des plus grands conquérants de l’histoire de la figurine. Avant de me rendre compte qu’on joue en BO3 et que mes dés font une pause parce qu’ils ont tout donné.
Certes, le moment est fugace, éphémère. Mais il en contient d’autant plus de beauté, de pureté même. C’est un morceau de divin, et il doit être présent pour chacun. Alors si vous croisez un enfant dans un tournoi, cachez-vous ou préparez-vous à souffrir. Parce que les dés épargnent bien souvent ces créatures innocentes pour faire de vous leur nouveau doudou punching-ball.
Mais réjouissez-vous également parce que cela signifie que grâce aux dés, il y a de nouveau un peu de justice et d’équité dans ce monde cruel.

Conclusion chaotique

Je pourrais donner mille raisons d’aimer vos dés plus que votre dernier coup de pinceau ou votre dernière elfe esclave, mais 3 c’est déjà pas mal. Et ça répond parfaitement aux basses provocations du duc de la Riviera, le Gwai à poils longs.
Il n’y aucun doute que mes propos objectivement subversifs vous auront convaincus que l’aléatoire est la meilleure chose qui vous soit arrivée depuis que vous savez jouer aux osselets. Abandonnez toute illusion de contrôler quoi que ce soit et laissez-vous porter par la fulgurance du coup d’éclat, par le panache de l’exploit impossible ! Jouez les cartes à gabarits ! Jouez et gagnez avec les orks ! Lancez des sorts qui demandent deux critiques et surtout riez de la folie qui est à présent la vôtre !
Embrassez le changement parce que comme dirait Tzeentch, c’est maintenant !
Critez-vous les uns les autres. Avec amour. Avec passion.

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