Deckbuilding: les différents types d'objectifs






Bienvenue dans cet article de théorie tout à fait non scientifique sur le deckbuilding ! Pour commencer, nous allons nous intéresser aux cartes qui incarnent le coeur palpitant d'underworlds : les cartes objectifs ! Représentations des buts à atteindre et façonnatrices (néologisme inventé juste pour vous) de la dynamique des bandes qui vont s'opposer, les cartes objectifs sont sans doute la première chose vers laquelle se jettent les joueurs dès lors qu'ils ouvrent la boîte de leur bande préférée pour découvrir les nouvelles options qui leur sont offertes (imaginons un instant qu'internet et ses spoilers n'existent pas). Dans les lignes qui suivent, nous nous intéresseront à la construction de la pile de ces cartes toutes particulières et j'essayerais (tant bien que moins bien) de définir quelques règles menant à l'amélioration du travail laborieux qui consiste à constituer son deck. 
 

Les bases

Commençons par énoncer l'incontournable : les règles de construction de la pile des cartes objectifs. 

1.     Une pile de cartes objectifs doit contenir douze cartes
2.     Une pile de cartes objectifs peut contenir jusqu'à 6 objectifs immédiats

Voilà, c'était court, mais intense. 

Pour ce qui est des généralités sur la construction de la pile objectifs, il faudrait que ces cartes soient bien sûr scorables de la manière la plus simple possible. Marquer des objectifs, c'est gagner des points de gloire qui peuvent être dépensés dans des améliorations qui renforcent la bande et qui donnent donc plus de chance d'obtenir d'autant plus de points de gloire. Il n'y a rien de plus frustrant que de passer un tour entier avec une main de trois objectifs qui ne peuvent pas être encaissés. Cela signifie la plupart du temps la mise en place d'une inertie qui a de grande chance de coûter la partie. Il faudrait donc que chaque objectif ajouté dans la pile ait une possibilité non négligeable d'être marqué. Détaillons un peu plus cette thématique en nous attardant sur les différents objectifs qui existent avec une catégorisation en grande partie subjective et personnelle. 



Les objectifs immédiats

Il y a assez peu de polémique actuellement sur un fait quasi dogmatique de la construction de la pile des objectifs : pour obtenir un deck qui fonctionne au mieux, le deck doit contenir le maximum d'objectifs immédiats (moyen mnémotechnique : le même nombre que les combattants de la meute de Godsworn ou les hommes bêtes, les deux bandes les plus puissantes du jeu). En effet, les objectifs immédiats comportent de nombreux avantages qu'il faut maximiser pour en tirer le meilleur parti. Ainsi, si ces objectifs n'existaient pas, il faudrait attendre la fin du premier tour ou accumuler des victimes pour pouvoir poser rapidement des améliorations. De même, seulement 9 des 12 cartes objectifs pourraient être scorées durant une partie (ce qui rendrait certains objectifs, comme Partie parfaite assez peu intéressante). Il faut bien l'avouer les parties seraient alors bien moins dynamiques et voire un tantinet molles. Heureusement, les objectifs immédiats viennent amener une forme de frénésie qui s'acclimate bien à l'ambiance générale de la fureur des combats. Un Risque calculé joué en première action permet ainsi de se munir d'une Potion de rage pour la seconde tandis que les objectifs défilent dans la main plutôt que de rester vautrés à attendre la fin du tour. La possibilité offerte par les objectifs immédiats à la fois de pouvoir profiter rapidement de ses améliorations tout en ouvrant le champ de scoring à plus de 3 objectifs en un tour est ainsi un avantage plus que conséquent que même les nouveaux joueurs comprennent immédiatement. Je ne m'attarderais pas plus sur ce sujet, tant il paraît évident. 

Corollaire : Un bon deck contient le maximum d'objectifs immédiats. 

 





















Les objectifs win more

Ce que je nomme les objectifs win more désigne ceux qui demande le scoring d'autres objectifs auparavant (Manoeuvre d'ouverture) ou l'accumulation d'un certain nombre de points de gloire précédemment (Gain solide). Si ses objectifs ont le mérite de ne demander aucune condition extrêmement précise, ils ont le défaut qu'il est important que les choses se passent bien pour devenir intéressants. L'accumulation de trop d'objectifs de ce genre génère en général deux risques majeurs : une main de départ injouable et un grippage complet de scoring dans un tour qui s'enlise dans parvenir à passer des objectifs/accumuler des points. Il faut donc les inclure avec parcimonie pour qu'ils puissent devenir un léger soutien à la dynamique principale plutôt que de se soustraire à elle avec la possibilité de main catastrophique. Il est également souhaitable de les intégrer pour accompagner des objectifs qui sont peu conditionnels (nous allons parler des objectifs à conditions dans quelques instants) sous peine d’avoir un moteur de scoring prompt à l’enrayement. 

Corollaire : Bien réfléchir à l'inclusion des objectifs win more et en ajouter avec parcimonie.




Les objectifs de troisième tour

Alors, j'avais lu il y a longtemps un article sur le sujet qui était extrêmement bien rédigé, avec des statistiques, des pourcentages et tout et tout. Ayant un peu la flemme de faire une recherche sur le sujet, je vous délivre sa brillante conclusion : de manière optimale, si l'inclusion d'objectif de troisième tour est envisagée, il ne faudrait en mettre qu'un seul. En effet, il semblerait. Que l’inclusion de deux de ces objectifs (voire douze) découle sur de grandes chances de bloquer la main tôt dans la partie. La condition de ces objectifs, une fenêtre de scoring lointaine, introduit une importante inertie dans le deck s'ils n'arrivent pas au bon moment. Le dilemme de garder plusieurs tours ces cartes rapportant le plus souvent de nombreux points avec le risque de ne pas piocher des objectifs qui auraient aisément compenser la défausse de cet objectif de troisième tour est toujours une situation difficile à gérer. Ainsi, un tel objectif apparaissant dès le deuxième ou, pire, le premier tour met donc son possesseur dans une position délicate. 

Corollaire : Il vaut mieux introduire au maximum un objectif de troisième tour.



Les objectifs progressifs

Alors, cette catégorie d'objectifs n'est pas tout de suite identifiable. Mais un certain nombre d'objectifs ont des chances d'être scorés seulement après un certain nombre de tours du fait d'un condition exigeant une accumulation et ne pourront l'être dans les faits que lors du second ou troisième tour. Jusqu'à la fin est un exemple parfait puisque, même avec un mulligan de sa main et des cartes de pioche et quatre actions de pioche, il est actuellement impossible de le scorer au premier tour (sans parler du coût collatéral d'un tel enchaînement). Mais de nombreux autres objectifs, demandant par exemple d'avoir infligé 3 pertes à la bande d'en face, ont peu de chances d'être scorés au premier tour, à moins d’une conjonction astrale particulièrement favorable. A nouveau, il faut donc être conscient que l'introduction de trop d'objectifs de ce genre risque d'occasionner une grosse inertie s'ils apparaissent en première main. Bien sûr, l’accumulation de ces objectifs avec ceux de troisième tour dans le même deck peuvent occasionner des situations de scoring très problématiques. 

Corollaire : Il vaut mieux identifier les objectifs progressifs et les inclure parcimonieusement.

 





















Les objectifs dégressifs 

Les lecteurs dotés d'un sens affûté de la déduction auront sans doute compris cette nouvelle catégorie d'objectifs qui s'oppose directement à la précédente. Il s'agit donc des objos qui ont moins de chance d'être marqués à mesure que la partie avance. C'est le cas, par exemple, du très populaire Mêlée dont les conditions de scoring diminuent à mesure que la population hantant les plateaux d'Underwolds se fait plus rare, ce qui, avouons-le, est courant dans ce jeu de massacre. Si les bandes populeuses peuvent donc le marquer aisément lors du premier tour (spéciale dédicace aux gobelins en robe de nuit), dès lors que l'effectif se réduit sous les coups de l'adversaire, cela devient nettement plus compliqué. N'arrêter pas de frapper entre également dans cette catégorie puisque cibles et combattants capables d'effectuer une action d'attaque ont tendance à décroître à mesure de la partie. A nouveau, il s’agit d’être conscient de ces limitations et de veiller à ne pas cumuler trop de ces objectifs sous peine de se retrouver en fin de partie avec des possibilités de scoring restreintes. 

Corollaire : Il vaut mieux identifier les objectifs dégressifs et les inclure parcimonieusement.

 





















Les objectifs « pouvoir »

J'appelle les objectifs « pouvoir » les objectifs qui requièrent une ou plusieurs cartes pouvoir pour fonctionner et qui ne peuvent être marqués sans celles-ci. Il s'agit, par exemple, de Couvrir la distance qui requière généralement l'addition d'une carte augmentant le mouvement pour être scorée. De même, Raccourci est une carte qui initialement nécessitait l'utilisation d'un subterfuge avant l'arrivée de certains combattants détenant un pouvoir de téléportation. Il est difficile de définir exactement le nombre de cartes pouvoir qui est essentiel pour l'inclusion de tels objectifs. D'autant plus qu'il va falloir évaluer la capacité du deck à piocher que ce soit par des cartes ou des actions pour augmenter ses chances de trouver la carte manquante. Personnellement, puisque je n'ai aucune statistique à amener à une position objective, j'ai tendance à considérer que deux cartes pouvoirs sont minimales pour espérer scorer avec une certaine fiabilité ces objectifs si le deck détient une bonne capacité de pioche. L'augmentation à trois cartes permet beaucoup plus de confort. Il ne faut pas oublier non plus que si les améliorations peuvent permettre de garder plus longtemps la possibilité de gagner les points de gloire de l'objectif une fois qu'elles sont installées, elles sont beaucoup moins utiles au premier tour contrairement aux subterfuges qui ne nécessitent aucun coût et peuvent être joués sans avoir à gagner d’abord un point. Il faut également réfléchir à la synergie qu'offrent les cartes accompagnant ce genre d'objectifs à la dynamique du deck plutôt que de les investir uniquement pour accéder à un objectif qui demandera un coût en terme d'espace de deckbulding. 

Corollaire : Réfléchir au coût du module à intégrer pour scorer ces objectifs et à leur synergie.

 





















Les objectifs incompatibles

Il peut également être intéressant de s'intéresser à la synergie qu'alimentent entre eux les objectifs et leur compatibilité de scoring à la fin du même tour. Par exemple, Butin convoité et Incontestés ne sont pas totalement inconciliables puisque la destruction d'assez de pions objectifs peut mener à leur scoring simultané ou l'occupation de l'ensemble des pions objectifs par sa propre bande. Par contre, dans la majorité des situations, l'un ou l'autre seulement pourra être envisagé au détriment de l'autre durant le même tour, voire durant la même partie. Bien sûr, ce n'est pas pour cela qu'il faut forcément choisir de se défaire de l'un d'eux durant le processus de deckbuilding. Il est toutefois recommandé d'identifier les circonstances favorables au scoring de ses objectifs dans leur intégralité et de n'avoir que peu de situation d'incompatibilité sous peine de ralentir considérablement la dynamique de son deck d'objectifs. 

Corollaire : Réfléchir au scoring de l'ensemble de ses objectifs et identifier les incompatibilités.



Les objectifs conditionnels de l’ennemi

Après toutes les catégories que nous avons vues qui sont plutôt en lien avec le fonctionnement interne de sa propre bande, il est également intéressant de réfléchir sur comment ils peuvent interagir avec la constitution de la bande adverse. Ainsi, si certaines bandes adverses mettent en place des conditions très favorables au scoring de certains objectifs, d’autres au contraire peuvent représenter un obstacle quasi insurmontable. Chasse triomphante est un exemple d’un objectif qui est particulièrement efficace contre les bandes de type horde, alors que contre les bandes de peu de figurines et particulièrement celles résilientes comme Nurgle il s’agit d’une carte bien moins intéressante. Il est ainsi important de réfléchir au match-ups qui peuvent s’avérer difficiles pour sa propre bande et ne pas les complexifier par l’addition d’objectifs antisynergique avec la bande rencontrée. 

Corollaire : Réfléchir à l’inclusion des objectifs qui peuvent poser problème face à un mauvais match-up. 



Voici donc quelques éléments de réflexions pour les deckbuilding des objectifs. De nombreuses autres considérations entourent bien sûr cette très importante thématique et nous en aborderont peut-être d’autres par la suite, si vous avez apprécié cet article. Je vous proposerais également certainement dans un prochain article une analyse de quelques decks objectifs de bandes que nous avons déjà examinées avec ces catégories en tête afin de voir comment procéder. D’ici-là, je vous souhaite un excellent deckbuilding !


Commentaires

  1. Et bien encore un article fort intéressant ! Merci pou les éclairages.

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  2. Article très intéressant.
    Certains sont très facilement reconnaissable mais d'autres sont plus fourbes.
    Merci pour ces informations.

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